Né en 1952 au Liban d’une mère libanaise et d’un père britannique, Percy Kemp vit aujourd’hui entre la France, pays où il a rencontré sa femme, et la Turquie, où ils ont opté pour une maison sur la côte face à Rhodes. Pour Kamsyn et le Salon du Livre francophone 2016 au Biel, il présente son dernier roman « Le Grand Jeu ».

S’entretenir avec Percy Kemp relève de la richesse philosophique et de la sensibilité littéraire ; entre ombres et lumières, avec de nombreuses parenthèses ouvertes donnant sur sa vaste expérience des réalités complexes de notre monde aujourd’hui .
Historien de formation, consultant en géostratégie auprès de prestigieux groupes internationaux, Percy s’est lancé dans le monde de la littérature sur le tard, à 48 ans. Par hasard, un peu comme Ulysse entreprenant un long voyage. «Je n’avais jamais écrit de fiction auparavant, mais beaucoup d’essais par contre, surtout de l’écriture dite scientifique. Je me devais donc de franchir cette barrière psychologique et passer enfin à la fiction. Un jour, alors que je commençais à déguster un de mes bonbons préférés, un «Rowntrees» que j’apprécie depuis ma plus tendre enfance, j’ai réalisé à ma grande surprise que sa consistance avait changé. Suite à une petite recherche, il apparut que la confiserie avait été rachetée par une multinationale alors qu’au tout départ c’était un petit confiseur anglais. La complexité du sentiment qui m’envahit à cet instant m’emplit d’une farouche envie d’écrire ».
Percy prend donc la plume comme d’autres prennent parfois le large « Afin de comprendre d’abord bien sûr, puisque réfléchir vient en écrivant mais aussi pour partager l’originalité de cette expérience. Je me suis rendu compte qu’il m’était plus difficile d’écrire sur le goût, je me suis donc concentré sur le parfum. Dans la nouvelle, il s’agit d’un homme qui réalise soudain que le parfum qu’il porte depuis toujours a changé. Une fois terminé ce petit roman, je l’ai mis de côté n’y pensant plus, jusqu’au jour où, me stationnant à Paris, je me suis retrouvé au devant de l’immeuble òu j’avais imaginé que le personnage de mon roman vivrait. Et en face se trouvait Albin Michel. J’ai donc posté mon manuscrit et ils l’ont pris ! Comme quoi, parfois malgré toutes nos projections, la vie se plait aussi à décider pour nous. »

Pour Percy, la littérature est plus qu’un simple intérêt. Elle détient surtout une force que l’écriture scientifique ne peut posséder. Il est donc aussi fasciné par la capacité des auteurs à mettre en scène les subtilités du langage afin de transmettre un savoir ainsi que tout en florilège d’émotions
Le Moyen-Orient apparaît parfois dans les livres de Percy Kemp, directement ou indirectemen;t dans les histoires de son personnage Harry Boone, espion indolent ayant été en poste au Liban et vivant avec une femme libanaise, « mais de façon très accessoire ». Percy écrit aussi bien des polars que des livres sur les sens car comme Gibran Khalil Gibran disait “si vous ne voyez que ce que les yeux vous montrent et n’entendez que ce que les oreilles vous transmettent, en vérité ni vous ne percevez ni vous n’écoutez réellement.”
Son dernier, « Le Grand Jeu » se veut le deuxième opus d’une possible trilogie.Dans « Le premier Mercredi des cendres », les services de renseignement britanniques sont au courant d’un complot pour provoquer l’éruption du volcan de Yellowstone, USA dans le Wyoming, qui possède 10 000 fois la puissance de celui en Islande,ayant immobilisé les cieux Européens pendant une semaine.
Personne ne s’y attend mais le volcan explose plongeant l’hémisphère Nord dans une mini-ère glacière. Dans « Le Grand Jeu », Harry Boone est à la recherche, comme tous les autres services de renseignements des nouvelles forces en puissance, d’un chercheur américain qui pourrait transformer la spiruline, une sorte d’algue, en légumineuse, et donc permettre aux pays sinistrés du Nord de produire leur propre nourriture.