Jean-Marie Kassab est né en 1960 au Liban. Diplômé en Sciences de l’Université Américaine de Beyrouth, et après une longue carrière dans différents domaines, il décide de se consacrer à son premier amour, la littérature, sous ses diverses formes. Ses écrits allient à l’unisson science et philosophie, politique et histoire. Curieux de tout, son expérience de vie donne à ses récits de la profondeur, du recul et beaucoup de chaleur. Jean-Marie Kassab gère également un site où il publie constamment ses écrits et pensées : www.jmkassab.com
KAMSYN a ainsi été invité a rencontrer cet épicurien haut en couleurs afin d’en savoir un peu plus sur son dernier roman Les Yeux d’Astrid paru chez les Editions Persées.
“Le bonheur réel, pris en tant que tel, n’existe pas”. Ce propos de Jean-Marie Kassab, auteur de Les Yeux d’Astrid constitue l’essence même de l’œuvre en question. Francis, un “travailleur acharné devenu millionaire”, fait soudainement faillite. Les problèmes conjugaux, financiers et professionnels s’acharnent sur lui. Sa seule échappatoire ?
Le suicide, empêché par une parfaite inconnue du nom d’Astrid. L’histoire de ce personnage au bord de la détresse racontée à la première personne tend à réinvestir le champ romanesque de la quête du bonheur. Un récit de 155 pages au cours desquelles une rencontre entre deux individus plonge le lecteur dans un parcours d’identification des problèmes réels de la vie et l’entraine vers une quête du Bonheur.

“Il m’a fallu les yeux d’Astrid pour voir tout ça”. Pour voir que “le Bonheur est un idéal de l’imagination et non de la raison”, comme le dit Emmanuel Kant. Astrid, ce personnage éponyme, qui révolutionnera toute une existence : celle de Francis, un homme rongé par le “Spleen” de la vie.
A la question de savoir si Francis serait le reflet de son créateur, Jean-Marie Kassab répond que ce roman ne comporte aucune part autobiographique et que c’est la relation entre les protagonistes qui a donné vie à la narration. Réflexion sur l’impact décisif de l’enfance sur les comportements et les pensées de l’individu ayant atteint l’âge adulte, Les Yeux d’Astrid traite notamment des questions du destin, de l’argent et de la fortune matérielle à laquelle le monde devient fortement dépendant.
Un Univers où deux Mondes se confrontent
Le style réaliste du roman est mis en exergue par la vraisemblance et la précision des indications géographiques. En effet, la majeure partie de l’incipit met en relief l’importance de la plage (lieu de rencontre des deux protagonistes) dans l’histoire à venir. C’est dans ce sens que Jean-Marie Kassab souligne le rapport fondamental entre ses personnages et l’espace où ils se situent.
Noyé dans l’immensité de l’existence, Francis retrouve dans le “regard éteint, mais si perçant” d’Astrid ce que lui n’a jamais pu voir. Ce qui provoque d’ailleurs la fascination du héros de ce roman, c’est la capacité d’Astrid à le transporter d’un état à l’autre, “à déterrer ce qu’il avait si soigneusement enfoui”. Francis passe ainsi d’une phase de déni à un stade où il réussit à comprendre que “plus le ciel était noir, plus les étoiles étaient brillantes”.
Il est à noter dans le même ordre d’idées que l’effet de retardement provoqué par l’auteur crée un sentiment d’attente chez le lecteur qui s’entête à tourner les pages du roman comme on tourne celles d’une vie.
En effet, pour l’auteur, écrire constitue avant tout une discipline où les concepts brouillés sont couchés sur du papier pour permettre davantage de lucidité. D’après l’auteur, le bonheur repose sur le détachement de l’inessentiel, ce que confirme les propos de Francis “Honteux des millions que j’avais gagnés quand j’aurai pu me contenter d’un seul. Joyeux d’en avoir perdu le reste pour en arriver là. Si c’était le prix à payer pour gagner mon bonheur, ce prix était juste, me sembla-t-il”.
La recherche du Bonheur sera donc pour lui, une véritable quête où “chacun comme Angelo dans Le Hussard sur le toit, doit gravir la montagne pour découvrir que le bonheur n’est pas dans la possession des choses mais dans le détachement”. Pour Jean-Marie Kassab, le Bonheur «n’est pas d’avoir, ni de paraître, mais consiste tout simplement à être heureux soi-même avant d’agir pour le bonheur des autres”, ce qui est le cas d’Astrid. Un délicieux roman donc plein de sagesse et de surprises qui se revèlent petit à petit au fil de pages.
Natasha Metni pour KAMSYN PR